Page:Matthieu - Aman, 1589.djvu/17

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Depuis que j’escoutay leurs conspirans accens.
O malheureux vouloir ! ô le félon courage, (210)
Dressant vers le gibet son salaire et son gage !
» Celuy est malheureux qui nourrit dans son sein
» De petits serpenteaux un porte-peste essein.
Helas ! je plains le Roy, dont la grandeur ne pense
Qu’à donner pour sa cour une grande despense, (215)
Qui garde le venin et l’amere poison
Pour le faire boufir des sœurs en la prison.
Un Stygien demon a relasché sa bride,
Pour venir conseiller ce cruel homicide :
Thares et Bagatha sont les deux qu’ay ouy (220)
Conspirer un dessein, qui sera esblouy
Aussi tost qu’un esclair de la verité sainte
Traversera l’obscur de leur offence enfrainte :
Ce sont, ce sont ces deux, qui d’un traistre desir,
A massacrer un Roy veulent prendre plaisir, (225)
O poltrons ! vous pensez de Perse le Monarque
Par vos sanglantes mains, faire serf de la Parque ?
Vous promettez ensemble, afin de le tuer,
Et corps, et pieds, et bras, et cœurs evertuer ?
Assuere tandis que l’allegresse joue (230)
En ton cœur, et qu’un ris elle peint sur ta joue,
C’est lors qu’on entreprend de t’envoyer delà
Le bord Acherontin, ô Dieu !
ESTHER.
Qui pleure là ?


MARDOCHEE.
O douleur, ô malheur, le cousteau se prepare
Pour envoyer le Roy au tenebreux Tenare. (235)
ESTHER.
Dieux, qu’est-ce que j’entens ? helas ! je n’en puis plus,
Je tremble, je ne puis escouter le surplus