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Ici s’offre l’école ; une cloche argentine
Appelle en cet instant la jeunesse mutine ;
Abandonnant ses jeux, cet essaim pétulant
Vers d’utiles plaisirs s’élance bruyamment.
Suivons-le ; contemplons ces faces rubicondes ;
Voyez tous ces enfants aux chevelures blondes.
À genoux sur leurs bancs, graves, silencieux,
Au Créateur du ciel ils adressent leurs vœux ;
L’ange qui les défend tous les jours sur la terre,
Aux pieds de l’Éternel va porter leur prière.
Que leur meilleur ami, que leur instituteur
Sache leur conserver l’innocence du cœur !…
Ah ! que toujours du Christ la morale l’inspire !
Que dans tous ses discours la sagesse respire,
Et que grandisse encor son noble dévoûment !
Incrédules, pour vous ce serait un tourment
De consumer vos jours en ce réduit humide,
Où toujours recommence un labeur insipide ;
D’y respirer un air de miasme infecté ;
Mais lui, dans cet asile il garde sa gaîté.
Au plus affreux séjour, en ce vallon de larmes,
Le Seigneur sait donner, quand il lui plaît, des charmes :
L’anachorète en trouve au milieu des déserts ;
Le marin qui naguère en traversant les mers,
Disputait sans espoir sa vie à la tempête
Qui déchirait sa voile et grondait sur sa tête,
Regrette dans le port les flots de l’océan ;
Le mineur, englouti dans un gouffre béant,
Sent quelquefois des pleurs humecter sa paupière
Quand du jour il revoit la limpide lumière ;
Ainsi l’instituteur, dans ce réduit obscur,
Trouve en ses dégoûts même un plaisir noble et pur.
Bienfaiteur du village, il nourrit l’espérance
Que sa pieuse tâche aura sa récompense.
Ce consolant penser, qui lui sourit toujours,
En ranimant son cœur vient embellir ses jours.

Frères, nous avons fait une loi bienfaitrice,
Une loi destinée à combattre le vice,