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Il baigne de ses pleurs cette riche contrée ;
Vainement la nature, en ces brillants climats,
Prodigue ses bienfaits ; il ne les connaît pas.
Avant l’aurore il part, et, loin de sa chaumine,
Il va s’ensevelir tout vivant dans la mine ;
Là, pour un maître dur, avide de trésor,
Au péril de ses jours il cherche un filon d’or.
Descendez, pénétrez dans sa noire minière,
Où jamais du soleil ne plonge la lumière ;
Dans cet abîme affreux descendez avec moi :
De la création vous y verrez le roi,
Celui que l’Éternel a fait à son image,
Vous le verrez traînant les fers de l’esclavage ;
Mais, au moins, s’il succombe, un Croyant généreux
À ce suprême instant lui fermera les yeux !
En ces antres profonds qu’a maudits la nature,
Il console l’esclave, il panse sa blessure ;
Il soutient ardemment un noble et saint effort,
De ce frère mourant pour alléger le sort ;
Et s’il ne peut briser une chaîne cruelle,
Toujours il rend la paix à son âme immortelle.


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Voyez-vous s’élancer un peuple audacieux !
Ses nombreuses clameurs s’élèvent jusqu’aux cieux ;
Au loin gronde la voix des bronzes en colère ;
On dirait que Paris, sous les coups du tonnerre
Et des vents déchaînés qui viennent l’ébranler,
Jusqu’en ses fondements soudain va s’écrouler !
Des fureurs de la guerre il présente l’image…
Que veut donc cette horde animée au carnage ?…
D’un peuple consterné faire couler les pleurs,
Et goûter le plaisir de compter ses douleurs !…
Pour elle plus de frein ; l’orgie et la licence,
Des fausses voluptés l’indigne jouissance,
Voilà, voilà son but. Des maîtres imprudents,
Pour un bonheur perfide ont enflammé ses sens.
Sectaires dangereux, ô séducteurs des âmes,
Voilà les heureux fruits des maximes infâmes