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D’un soleil dont l’éclat ne pâlira jamais ;
Il ira savourer une éternelle paix.

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Dans les bras du sommeil l’homme repose encore ;
À peine à l’horizon naît la riante aurore ;
L’oiseau mélodieux s’éveille dans les bois ;
L’écho redit au loin les accords de sa voix.
La brume du matin déjà s’est dissipée.
À mes yeux apparaît une cime escarpée,
C’est l’Ida, dont le front se cache dans les cieux.
Sous mes pieds se déroule un fleuve impétueux ;
Sur sa rive il bondit, s’écoule, écume et gronde ;
Dans les champs où fut Troie il promène son onde
C’est le vieux Simoïs. Ô reine des cités,
Ilion, c’est ici que les Grecs irrités
Désolèrent le cœur des mères alarmées ;
C’est ici qu’en bataille ils rangeaient leurs armées ;
Voilà la rade immense où voguaient leurs vaisseaux,
Dont les blancs pavillons ventelaient sur les eaux.
Là, du bouillant Achille a grondé la colère ;
C’est ici qu’en sa tente enfermé, solitaire,
À la mort de Patrocle il a donné des pleurs ;
Ces lieux ont entendu le cri de ses douleurs.
Voici les verts figuiers de la porte de Scée ;
C’est ici qu’Andromaque éperdue, oppressée,
Pour retarder les pas de son royal époux,
Étouffant ses sanglots, embrassait ses genoux ;
C’est là qu’Astianax, cet enfant plein de charmes,
De son père en voyant le panache et les armes,
Dans le sein maternel fuyait épouvanté ;
Hector, qui l’aperçoit, sourit avec bonté ;
Des pleurs qu’il veut cacher sillonnent son visage ;
Mais rien n’éteint le feu de son ardent courage ;
Il embrasse son fils, sa jeune épouse, il part ;
D’un pas ferme et rapide il franchit le rempart !
Cependant un lion s’élance dans la plaine :
C’est l’intrépide Achille, enflammé par la haine ;
Aux rayons du soleil son armure reluit ;