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Dans la cité pompeuse, au milieu des déserts,
Partout on la connut : car, pour la bien comprendre,
Notre esprit ne doit pas vers l’infini s’étendre ;
Pour en saisir le sens, il suffit, ici-bas,
D’avoir été souffrant… Eh ! qui ne souffre pas !  !  !…

Cependant en ces lieux témoins de ta naissance,
Ô Jésus, en ces lieux où brilla ta puissance,
Ton pieux souvenir déjà ne vivait plus
Que dans le sein tremblant de tes rares élus.

Un jour le prêtre offrait le divin sacrifice ;
Tout à coup, de ses mains arrachant le calice,
L’Arabe, blasphémant le nom de l’Éternel,
Pousse des cris affreux, s’élance vers l’autel,
Ose porter la main sur l’hostie adorée,
Et foule sous ses pieds la victime sacrée.
Un pèlerin le voit !… Indigné, plein d’horreur,
À l’Europe alarmée il demande un vengeur ;
Il montre les chrétiens, sur ce triste rivage,
Fléchissant sous le poids du plus dur esclavage.

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Tout s’arme pour le Christ, et ma Belgique aussi
Se lève en écoutant ce douloureux récit.
Du somptueux castel, de la pauvre chaumière,
De tous côtés surgit une foule guerrière,
Et la femme elle-même, en quittant ses fuseaux,
Se livre avec ardeur aux plus rudes travaux.
Mais quel habile chef, mais quel héros sublime,
Digne de ces chrétiens qu’un saint transport anime,
Saura guider leurs pas sur le sol étranger,
Et trouver la victoire au milieu du danger ?

Il est dans le Brabant un vieux champ de bataille
Qu’ont souvent déchiré le boulet, la mitraille ;
C’est là que sont tombés, dans de sanglants sillons,
D’illustres généraux, de vaillants bataillons.
Non loin, en poursuivant les détours de la Dyle.