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Que deviendra Bouillon ? ô terribles moments !
Sur l’humide gazon il glisse, il tombe, il roule ;
Le sang de sa blessure à flots épais s’écoule ;
Mais du Ciel qu’il implore il reçoit le secours,
Et plonge un dard vainqueur dans la gueule de l’ours,

D’Antioche voilà les larges meurtrières,
Et ses hauts bastions flanqués de tours altières.
Ah ! du chantre d’Hector si j’avais le pinceau,
De combats glorieux je ferais le tableau ;
Je vous transporterais au bas de ces murailles ;
Frères, vous entendriez, au milieu des batailles,
Les clameurs des soldats, le râle des mourants ;
Vous verriez Godefroid animant tous les rangs ;
Devant vous, des vaincus les armures brisées,
Sous son glaive géant tomberaient écrasées ;
Dans un étroit chemin, ce guerrier, sous vos yeux,
Presque seul, dompterait un escadron nombreux 3 !

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Perçant le blanc réseau d’une vapeur légère,
Le soleil du printemps épanche sa lumière ;
Sur les bords du Farfar 4 on voit s’épanouir
Mille fleurs qu’en passant caresse le zéphyr ;
Les abondants figuiers étalent leur verdure ;
La terre a revêtu sa nouvelle parure ;
Déjà du caroubier les rameaux renaissants
Offrent leur frais asile aux oiseaux caressants ;
Les térébinthes verts réjouissent la vue ;
Les cèdres du Liban s’élèvent vers la nue :
Mais toi, Jérusalem, hélas ! sur ton coteau,
La nature est plus morne et le printemps moins beau !
Près de Gethsémani, la bocagère hysope,
De son calice à peine a brisé l’enveloppe ;
La violette y croît sans parfum, sans couleur,
Et semble de ces lieux partager la douleur ;
Car autour de Sion, le regret, la tristesse,
Depuis la mort du Christ, hélas ! règnent sans cesse !

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