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Où le Christ, outragé sous les yeux de sa mère,
Connut de nos douleurs l’amertume autrefois,
Lorsque pour nous sauver il mourut sur la croix ;
C’est sur ce Golgotha qu’en sa bonté profonde,
Il étendit les bras pour embrasser le monde.

C’est au pied de ces murs que campaient nos aïeux ;
C’est ici qu’ils livraient des combats glorieux.
Voilà le bastion que leur illustre armée
Franchissait à travers la flamme et la fumée.
Ô prince des croisés ! ô glorieux vainqueur !
Ces lieux furent témoins de ta sainte valeur !…
De tes exploits fameux je me souviens encore :
À peine à l’horizon blanchit l’humide aurore,
Arrachant au sommeil les soldats de la Croix,
Du sonore clairon déjà vibre la voix ;
Elle répand au loin de subites alarmes.
Le camp a retenti du cri terrible : « Aux armes ! »
Et la terre a tremblé sous le pas des coursiers.
Le signal est donné ; nos vaillants chevaliers,
Pleins d’audace et d’ardeur vers la ville s’élancent ;
Dans leurs robustes mains les frondes se balancent ;
Les pierres vont frapper le front des Musulmans,
Et l’on entend les coups des mangonneaux pesants.
Le bélier formidable entame la muraille ;
Les vieillards, les enfants, en ce jour de bataille,
Aux périls des croisés ont voulu prendre part ;
Ils courent se ranger sous le saint étendard.
Bouillon fait avancer sa vaste tour roulante ;
Elle brave le feu, les traits, l’huile bouillante ;
Au sommet, d’où son bras prodigue les exploits.
Étincelle l’or pur d’une sublime croix,
Où l’on voit de Jésus la figure immortelle ;
L’Arabe furieux lance ses traits vers elle.
Notre héros lui-même, en butte à tous les coups,
D’un ennemi nombreux méprise le courroux ;
Sa main sûre brandit ses javelots rapides,
Qui répandent la mort chez les Turcs intrépides.
Ô Ciel ! à ses côtés tombe son écuyer ;