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Page:Matton - Le croyant, 1852.djvu/55

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Précédé de Ludolf, d’Engelbert, nos aïeux,
Il franchit le rempart, d’un bond impétueux ;
Ô glorieux instant ! ô moment plein de joie !
L’étendard du Brabant dans les airs se déploie !…
Belgique, ô mon pays, contemple tes enfants,
Sur les murs de Sion les voilà triomphants !…
Au sommet de ses tours leur bannière arborée
Remplace le Croissant sur la ville sacrée !


Les voilà triomphants !… Mais, hélas ! aujourd’hui,
Le sombre mausolée où repose celui
Qui du fier Musulman sut dompter la colère,
Profané par la haine et couvert de poussière,
N’offre plus aux regards qu’un marbre sans honneur,
Qu’à peine reconnaît le triste voyageur.
Toi qui sais cet affront, toi, ma chère Belgique,
Qui vis naître autrefois dans ton sein héroïque
Ce valeureux guerrier, patrie, oublîras-tu
Celui qui pour ta gloire a jadis combattu ?
Ton cœur à tant d’affronts serait-il insensible ?
Non, non, ô mon pays ! non, non, c’est impossible !!

Sur un rocher battu par la vague des mers,
Napoléon, miné par des regrets amers,
Victime de l’Anglais, dont il subit l’outrage,
Succombe sous le poids des fers de l’esclavage ;
À l’ombre d’un vieux saule au feuillage penché,
Il gît sous un granit par la mousse caché ;
Point d’aigle, point de nom sur cette pierre nue
Qui recouvre son corps dans une île inconnue !…
Mais !… La France se lève, elle arme ses vaisseaux ;
De l’Océan Joinville affronte au loin les flots,
Et ramène en triomphe, à Paris, sous un dôme,
Près de ses vétérans, la cendre du grand homme
Qui remplit l’univers du bruit de ses exploits,
Et sur leurs trônes d’or fit trembler tous les rois !

Ce que la France a fait pour relever la gloire
D’un héros qui broya sous son char de victoire