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» Et du front du Croyant, au milieu de la guerre,
» Nos mains détourneront la balle meurtrière ;
» À l’exilé qui dort sous le toit étranger,
» Nous peindrons son pays dans un songe léger ;
» Des vallons paternels la séduisante image
» Réjouira son cœur sur un lointain rivage ;
» Avec nous, bien souvent, elle ira visiter
» Les enfants éplorés qu’elle vient de quitter ;
» Pour alléger le poids de leur douleur profonde,
» Nous dirons le bonheur dont leur mère s’inonde,
» Et nous leur donnerons le consolant espoir
» Qu’en son palais céleste ils pourront la revoir. »
De Louise, à ces mots, l’aile d’or se déploie,
Son aimable figure étincelle de joie.

Dans la sainte demeure avaient cessé les chants ;
Les Anges gracieux, les Séraphins brûlants,
Laissant flotter dans l’air leurs chevelures blondes,
Avaient déjà repris leurs courses vagabondes,
Quand tout à coup un temple apparaît à leurs yeux ;
Le Créateur commande à l’un des bienheureux
D’y conduire aussitôt Louise triomphante.
Un archange, docile à cette voix puissante,
Effleure les sentiers d’un jardin embaumé ;
Louise suit les pas du guide bien-aimé ;
Les fleurs, apercevant la royale immortelle,
Inclinent humblement leur tête devant elle ;
De l’arbuste frémit le feuillage odorant,
Et les oiseaux ravis recommencent leur chant.

Au milieu d’une immense et riante campagne,
Dans le divin séjour, s’élève une montagne
D’où coule, en scintillant, un fleuve aux ondes d’or ;
Les roses, sans culture, éclosent sur son bord ;
Couronnant le sommet de ce mont solitaire,
Un cercle de soleils épanche sa lumière
Sur les murs transparents d’un temple de cristal
Devant lequel pâlit l’éclat oriental ;
Dans les airs est caché son dôme magnifique ;