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Page:Matton - Le croyant, 1852.djvu/72

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Des colonnes d’argent soutiennent son portique.
C’est là qu’on voit trôner, sous le satin d’un dais,
Une candide vierge au regard plein d’attraits ;
Un vase précieux, plein de myrrhe enflammée,
Exhale devant elle une exquise fumée.
Dans les vallons du monde, à notre œil enchanté,
Jamais n’est apparue une telle beauté ;
Tout son corps est paré d’une aimable innocence,
Et la grâce embellit encor sa contenance :
C’est la mère du Christ. De Louise, autrefois,
Elle entendit souvent la suppliante voix,
Lorsque, dans les malheurs qui désolent la terre,
Notre Reine pour nous formait cette prière
Qui d’un jour nébuleux faisait un jour serein.
À son aspect, Marie, en lui tendant la main,
S’avance en souriant vers cette âme fidèle :
« Je t’attendais ici, Louise, lui dit-elle. »
À peine elle achevait, déjà les bienheureux
Avaient recommencé leurs concerts et leurs jeux ;
Autour d’elle ils volaient comme un essaim d’abeilles
Qui butine au printemps sur les plantes vermeilles.

Du groupe des esprits se détachant soudain,
Seul, voltige dans l’air un léger chérubin ;
Il a d’un jeune enfant la candide figure ;
En se mirant en lui comme dans l’onde pure,
Louise contemplant l’éclat de ses beaux yeux,
A bientôt, dans les traits de l’ange gracieux,
Reconnu le souris de ce fils plein de charmes
Dont la précoce mort lui coûta tant de larmes.
Royal enfant jadis, chérubin maintenant,
Il a gardé, peut-être, eu son cœur pur, aimant,
Un vague souvenir de sa vie éphémère,
Un souvenir lointain des baisers de sa mère ;
Car, en la contemplant, son front plein de candeur
Tout à coup resplendit d’amour et de bonheur.
Il a pris son essor et vers elle il s’élance ;
Au-dessus de Louise il joue, il se balance ;
Dans ses bras caressants il va se reposer,