Page:Maturin - Melmoth, Hubert, 1821, tome 3.djvu/150

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vons rien à manger et rien à boire. » Il lâcha pour lors une kyrielle de juremens affreux, après quoi il se mit à chanter ; mais quelles chansons ! leur obscénité était si dégoûtante qu’élevé d’abord dans l’intérieur de ma famille et puis dans la sévérité d’un couvent, je ne pus m’empêcher de penser qu’un démon incarné hurlait à mes côtés. Je le suppliai de cesser ; mais cet homme passait si rapidement d’une atrocité extrême à une extrême légèreté, du délire du crime à des chants qui auraient fait horreur dans un lieu de débauche, qu’il me devint tout-à-fait inexplicable. Je n’avais jamais vu ni même cru qu’il fût possible de réunir ainsi les deux extrêmes. Je devais avoir une bien faible connaissance