Page:Maturin - Melmoth, Hubert, 1821, tome 4.djvu/73

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son vin, que la soif causée par l’effroi et l’anxiété, me faisait avaler comme de l’eau. Je ne laissais pourtant pas de faire de fréquens signes de croix et de prier Dieu, pour que cette boisson ne se convertît pas en un poison funeste et diabolique. Le Juif Adonias me contemplait avec une compassion et un mépris toujours croissant.

« Qu’est-ce qui t’effraie ? » me dit-il. « Si je possédais le pouvoir que la superstition de ta secte m’attribue, au lieu de te fournir des alimens, ne pourrais-je pas t’offrir toi-même en holocauste aux démons ? Tu es en mon pouvoir, et cependant je n’ai ni la puissance, ni la volonté de te faire du mal. Est-ce à toi, qui viens d’échapper aux