Page:Mauclair - Jules Laforgue, 1896.djvu/14

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sources. Mais si, dans le chuchotement le plus humble, il croit se rappeler qu’il a peut-être vu, dans leur beauté ou leur vérité, une fleur, une larme, une ombre ou un sourire, arrêtez-vous, approchez-vous, écoutez-le ; il est sûr qu’il vous est envoyé par un Dieu qui a besoin d’être admiré d’une façon nouvelle.

Or, nous voici devant un poète incertain. Je l’appelle incertain parce qu’il n’est pas encore classique. Qu’allons-nous répondre en son nom à ceux qui nous demandent ce qu’il a vu dans une beauté et dans une vérité qu’on ne connaissait pas encore ? Il a vu bien des choses autrement que les autres ; et voir autrement que les autres, c’est presque toujours voir un peu mieux que les autres. Et puis qu’il les a vus, il a su nous faire voir des paysages, des images et des sentiments assez différents de ceux qui nous étaient habituels. Mais ce qu’il a, je crois, le plus clairement aperçu dans une beauté et une vérité inattendues, c’est une sorte de sou