Aller au contenu

Page:Mauclair - Jules Laforgue, 1896.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rire puéril et divin qui est peut-être au fond de toutes nos actions, et qu'on pourrait nommer « le sourire de l’âme ». Il est étrangement délicieux et profond, ce sourire : je ne sais rien, dans les littératures, qui puisse nous en donner l’idée. Il y a bien là-bas, tout au loin. Henri Heine, Sterne, ou le grand Jean-Paul : mais dans Sterne et dans Heine, ce n’est pas l’âme qui sourit, il me semble plutôt qu’elle y pleure et que c’est la raison qui la moque en passant : et le rire de l’énorme Jean-Paul s’évapore en de tels tourbillons !… Il faudrait remonter, pour donner une idée du « visage littéraire » de ce pauvre poète mort à vingt-sept ans, il faudrait remonter jusqu’au rire d’Andromaque. Vous rappelez-vous cet illustre « sourire dans les larmes » entre les petits bras d’Astyanax ? Il est là, tout le temps, entre toutes les pages de son œuvre inachevée ; il est là tout le temps, et semble tout de suite si naturel et si inévitable, qu’on s’étonne que personne ne l’ait découvert avant lui. A me-