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Page:Mauclair - Jules Laforgue, 1896.djvu/16

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sure qu’on le lit, on se persuade que l’âme ne cesse pas de sourire un instant dans notre être. On constate pour la première fois qu’il n’est pas nécessaire qu’elle soit grave pour s’approcher de Dieu, et qu’elle est bien plus naturellement un enfant qui ne veut pas mourir qu’un vieillard qui ne peut pas jouer.

Tandis que l’Hamlet des Moralités Légendaires, qui est à certains moments plus Hamlet que l’Hamlet même de Shakespeare, tandis que son Hamlet rêve à sa propre mort dans le cimetière d’Elseneur : « Hé là-bas, vous ! lui crie le second fossoyeur, voilà justement le convoi d’Ophélie qui monte ! — Le premier mouvement du penseur est de singer à ravir le clown réveillé par un coup de mailloche à grosse caisse dans le dos ; et c’est tout juste qu’il le réprime… » C’est toute l’attitude du poète dans la vie, réveillé sans répit par les coups de mailloche du destin, et n’est-ce pas l’attitude de quelque chose en nous qui est le noyau même de