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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/159

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dessus de nos têtes les frondaisons sournoises, appréhendant la chute de quelque corps mou et visqueux qui aurait tôt fait de nous broyer.

Mais bientôt la forêt s’éclaircit, par endroits on voit le ciel…

Un toucan au gros bec s’affaire à piqueter un tronc ; des envolées de « piricitis »[1] bruyants et minuscules suivent un couple de « garibas »[2] qui se démène ·avec une mimique amusante.

— Ouf, dit Meirelles…

— Ouf, dis-je, en écho…

Devant nous la pampa s’étend à nouveau, à peine limitée par les découpures bleuâtres de la Serra de Sao Domingo. Nous essayons sans grand espoir de forcer les chevaux qui sont à bout et se trainent péniblement, mais ils se refusent à sentir l’écurie toute proche et n’accélèrent pas leur trot. Nous arrivons enfin, affamés, exténués, travaillés par la fièvre et la dysenterie, le corps ardent de piqûres, couvert d’ulcères.

Nous avons fait les trois cent quatre-vingts kilomètres du parcours en trois jours, voyageant sans arrêt de l’aube à la nuit : à cheval et dans des conditions pareilles, c’est presque un record.

En attendant le repas du soir dans une case minuscule qui doit compléter la douzaine d’habitations qui forment Sao Domingo, j’en profite pour m’épouiller des colonies de parasites qui ont pris pension sur mon épiderme et je regrette sérieusement l’absence d’une jeune et dévouée

  1. Petit perroquet vert.
  2. Singes.