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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/170

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pied mutilé où la chair enlevée sur une longueur de vingt centimètres pend, livide et saignante, avec les reflets mauves des tendons mis à nu.

— « Araia »[1], bredouille-t-il avec peine… araia.

Et il jure jusqu’à épuiser la richesse de son vocabulaire d’aventurier pendant que j’aide Meirelles à confectionner un garrot au-dessous du genou et à bander la jambe blessée après l’avoir désinfectée et abondamment saupoudrée de sulfamides.

Déjà une forte fièvre fait grelotter Duke. On le couche dans la barque, sur un lit de bâches et Sandro reste à le veiller.

— Pas de chance aujourd’hui, rage Meirelles, nous avons encore beaucoup de chemin à faire. Deux hommes abimés dans la même journée et je ne sais même pas si Duke va s’en tirer, car l’araia pardonne rarement. C’est souvent mortel ; si demain la fièvre ne tombe pas, il faudra perdre tout espoir. La rivière est beaucoup plus dangereuse que la forêt…

Et il m’explique le danger de mettre le pied sur une araia — raie géante —, qui ressemble à une pierre grise légèrement bombée ou à un grand chapeau étalé, se confondant avec la vase. Sa queue courte et osseuse, recourbée comme un hameçon avec des dentelures coupantes et très longues, est enduite d’un liquide visqueux, qui, sans être venimeux, enflamme les plaies et provoque la fièvre. La queue de l’araia est une arme terrible.

Lorsqu’elle pénètre dans la chair, elle ne ressort pas dans le sens de sa pénétration, mais elle arrache : au lieu

  1. Raie géante.