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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/171

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de se retirer, elle se redresse à l’intêrieur de la plaie et ensuite fait pression.

La douleur est atroce. La blessure qui présente l’aspect d’une large déchirure gangrène vite. Le traitement est assez lent et jamais sûr.

Certaines tribus harponnent les araias pour leur retirer la queue (appelée « ferron » par les indigènes) et s’en servent pour armer la pointe de leurs flèches de guerre.

La nuit tombe, des éclairs strient le ciel et les coups de tonnerre se répercutent par-dessus les cimes de la forêt vierge qui frissonne dans l’attente du déluge.

Toutes les heures, Meirelles renouvelle le bandage de Duke qui geint sans arrêt.

A l’aube, l’orage se déchaine. Malgré le sable, les galets et les piquets, nos abris sont emportés par l’ouragan. La pluie tombe à verse, nous courons après les moustiquaires qui volettent comme des fantômes, ramassons en hâte le matériel épars autour du foyer et allons nous abriter dans la barque.

Duke, vaguement réveillé, gueule un peu plus fort chaque fois que quelqu’un bute sans le vouloir dans sa jambe malade, nous allumons une lanterne où nage dans de l’huile de poisson une mèche de coton.

La lueur est blafarde, imperceptible, elle donne à peine un peu plus de jaune aux visages barbus et fatigués. Ça sent le chien mouillé et la crasse. Par rafales, la pluie vient nous tremper des deux côtés de l’abri de branches de palmier. Nous essayons de les consolider avec les ponchos, mais sans succès, car maintenant c’est par l’entrée que la pluie ruisselle.