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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/172

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Des branches entières sont arrachées par la tornade. La lampe accrochée à la poutre maîtresse vacille, la toiture craque.

Les eaux sont déchaînées, une véritable tempête qui les fait se hérisser de crêtes blanches et courtes.

Hors le bruit du vent et de la pluie, on n’entend rien, sinon parfois le craquement d’un arbre qui s’effondre, à demi retenu par les lianes.

Le jour pointe, et Sandro jure sourdement en désignant du doigt les berges du Rio qui filent rapidement. Les amarres sont brisées, nous sommes entraînés par les courants contraires qui nous font virevolter comme une épave et nous choquent contre des troncs vermoulus qui hérissent par endroit la rivière.

La coque racle un fond et geint, des branches pèsent sur notre abri, déchirent la bâche, disloquent l’armature du roof avec un grand craquement…

Nous nous précipitons pour saisir les gaffes et les avirons.

La barque est à moitié enlisée dans un banc de sable à fleur d’eau, tout contre la berge.

Il faut faire poids sur les perches pour tirer notre embarcation de cette situation précaire, l’une d’elle rompt et Sandro tombe dans l’eau sale. Il s’accroche désespérément à des pousses vertes pour ne pas se laisser entraîner par le courant. A chaque instant, on croit le voir disparaitre, attaqué par les « piranhas » ou par un « sucuri »… Nous le tirons de cette mauvaise passe à grand’peine. La pluie tombe toujours avec violence, nous sommes très fatigués, grelottant de froid, torse nu sous