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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/220

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— Auri tiotoeka, dis-je résigné[1].

La jeune femme s’approche. Elle s’agenouille. Elle sent vraiment mauvais. Sur son sein démesurément grossi, je vois une lentille noire, le grain de sa peau eest d’un satiné incomparable… je dois avoir l’air idiot.

Avec lenteur, la main gluante se lève sur mon visage, sur mon nez, je sens une sorte de liquide pâteux et granulé qui s’étale, puis une odeur encore plus forte que celles auxquelles mon odorat s’était accoutumé envahir mes cloisons nasales, persister jusqu’à me donner la nausée… Ma chair se plisse, puis se tend comme une peau de tambour, les doigts rouges deviennent bleus, ils courent sur mon front, autour des yeux, agrandissent ma bouche de traits horizontaux allant jusqu’aux oreilles. Je sens leur attouchement léger courir partout et je n’ose pas bouger, craignant de recevoir le doigt dans l’œil ou dans la bouche.

Meirelles conserve son sérieux, mais ses yeux pétillants rient à pleurer. C’est fini pour moi, ça commence pour lui qui doit se soumettre au même traitement. Je reste sérieux, mes yeux : rient à leur tour… Il n’est vraiment pas beau ainsi mâchuré…

Malhoa ne dissimule pas son plaisir, ses femmes se permettent quelques gloussements aimables.

J’ai la vague impression d’être parfaitement ridicule, tatoué pour tatoué autant se mettre une plume sur la tête et pousser de petits cris.

— Tiotoekà… assure Meirelles.

  1. Bon, merci.