Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses cuisses et ses jambe de haut en bas une plaque de bois hérissé de dents de piranhas. Le sang coule abondamment des centaines de stries imperceptibles qui marquent la peau brune. Le patient ne manifeste aucun émoi, de temps à autre, il essuie avec une feuille de palmier qu’il tient alors à deux mains, le sang qui dégouline. C’est « la sangria », la saignée indienne, qui prépare l’homme à la danse en l’allégeant, et chasse de son corps les mauvais esprits.

Dans toutes les cases où nous allons flâner, le même tableau s’offre à nos yeux : les vieilles filant et tressant, les jeunes accroupies près de leurs époux peignant avec application les tatouages, des bébés au ventre gonflé, les oreilles percées, ornées de fleurs artificielles merveilleuses, des plumes d’araras formant une corolle dont le pistil serait la dent de capivara plantée au milieu de son épanouissement.

— Tatarian… tatarian auri…

Partout on nous offre du mil grillé, des œufs de tortues, du miel sauvage, des mélancias et des calebasses pleines d’alcool de manioc. Quelques Indiens fument leur pipe, drapés dans les couvertures de laine brune que Meirelles leur a distribuées et qui leur confèrent un air très digne. Les femmes raclent sur des planches hérissées d’épines des racines de manioc et préparent de l’huile de « babassu » pour lustrer leur chevelure.

Dans une case, c’est le silence… un calme insolite qui étreint dès que courbé, on soulève le rideau de feuilles pendu à l’entrée basse et étroite…

Une femme est là, les yeux vides, prostrée, un bébé de