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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/223

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quelques mois inerte dans ses bras, maigre à faire peur, avec une tête énorme aux traits douloureux et une respiration sifflante qui soulève ses côtes saillantes.

Il est livide, il meurt d’un mal que le sorcier s’avère impuissant à guérir : la tuberculose qui, à défaut d’autres maladies, opère de sérieux ravages chez les Indiens. Lors qu’ils ont de la fièvre, le « feiticero »[1] consulté décrète aussitôt la présence des dieux mauvais… Alors, pour les noyer et guérir le malade, le sorcier ordonne l’immersion dans l’eau froide de la rivière, à l’aube !…

Refroidissement, souvent congestion, toux, constitution affaiblie par les mois d’hiver et la famine… la tuberculose va vite et sûrement. La femme, à nos questions, murmure des mots inaudibles, serrant convulsivement le petit être sur son sein flétri. Malhoa fataliste, nous dit dans son dialecte :… Il meurt,… il meurt…

Une grande tristesse m’envahit, la plainte d’une Indienne de la case voisine semble annoncer déjà la mort qui bientôt pénétrera ici… Dehors le soleil brille, implacable, les araras jacassent et lustrent leur plumage radieux, fous d’orgueil… La nature est belle, terrassée par l’incendie de l’après-midi, avec le vert laiteux des bananiers qui se découpent sur le mauve de la forêt lointaine.

Bras ballants, sans mot dire, les Indiens mastiquent des graines, fument et crachent, résignés à cette mort qu’ils attendent. Impuissants à la combattre.

Bébé indien ne courra pas les sentes de la jungle, il ne dansera pas l’aruana… bébé indien mourra…

  1. Sorcier.