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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/227

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sorte dans cette région inhabitée. Le Portugais ne se décidait toujours pas, alors les noirs prirent les masques de fibres et les jetèrent par-dessus bord. Un moment, on les vit flotter dans le sillage de la pirogue, puis enfin le courant les saisit et les entraina longtemps à la dérive, de plus en plus lourds, prêts à disparaitre.

Cette menace coupa net l’essor des pirogues indiennes qui s’égaillèrent à la poursuite des précieuses parures. Le Portugais sauva sa peau. Pris de panique, il se promit de ne plus jamais revenir dans cette région du Matto Grosso. Ce furent des « garimpeiros » de Goyaz qui l’abattirent comme un chien, dans un bouge de Sao Pedro. Les Indiens, en effet, après avoir apprécié le résultat de leur hospitalité à l’égard du Portugais, reçurent fort mal des garimpeiros de passage qui demandaient asile pour la nuit. Ils en tuèrent même un qui insistait : tout se sait en brousse et, tôt ou tard, tout se paye.

Sur la placette maintenant, quelques Indiens assis en rond autour d’un brasier sans flammes, boivent à longs traits des calebasses pleines de « calushi », parlant peu, fumant beaucoup, émettant la gamme variée et complète des grognements karajas.

Des femmes apportent une hotte en osier pleine de mil cuit dans sa gaine de feuilles vertes. Sur le sol trainent des fruits et des calebasses avec de la farine de poisson sec.

Les femmes se retirent ensuite. Trottinant, la tête basse.

Une pirogue indienne aborde la petite crique. À bord, deux Indiens découpent en tranches fines un énorme