poisson d’au moins trois mètres, appelé « pirarucu ».
C’est la nuit, la température fraichit, « Tataupaua » va commencer.
Les danseurs sortent de la case des fêtes, poussant des cris aigus. Deux par deux, bras dessus bras dessous, à une allure de cross country, ils empruntent d’étroits sentiers conduisant aux habitations du village. Impassibles, les vieux continuent à fumer.
Pendant quelques minutes, c’est le silence, puis d’un seul coup on entend des cris terrifiants et les guerriers reviennent, le corps rougi à l’urucum, luisant de sueur, la tête couverte de diadèmes. Des zébrures bleues font ressortir davantage les détails de leur musculature parfaite.
Les danses ont commencé. Elles semblent tout d’abord incohérentes. Sous un masque d’herbes sèches et de fibres de bambous, le sorcier se démène, ordonnant les danses de caractère qui sont l’expression de la lutte journalière des Indiens en butte aux fauves et aux éléments. Une double file de guerriers s’avance derrière lui en poussant des cris aigus qui se répètent sans cesse et veulent cependant imiter l’aboiement de la panthère, le chant de l’arara et l’appel du singe hurleur.
La représentation de cette lutte est parfaite, rien ne manque. Le chasseur dans la forêt, regardant à droite, à gauche, avançant lentement, son arc à la main, la corde tendue, la flèche vibrante, prête à partir, et puis le fauve épiant l’homme, le suivant, se préparant à le surprendre, bondissant enfin, et retombant foudroyé par la flèche infaillible du Karaja qui lance son cri de victoire, cepen-