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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/229

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dant que la bête blessée fuit lâchement et que le chasseur la provoque encore.

Deux chasseurs partent à nouveau, effectuant le tour complet du village, poussant de petits youyous heureux, armés de lances richement empennées. Les voici face à deux autres danseurs simulant un couple de jaguars. Les chasseurs reprennent leur attitude souple et féline, à leur tour de surprendre les fauves qui hésitent à accepter la lutte, à leur tour de les poursuivre. Bondissant, hurlant, avec de brusques tremblements qui agitent les fibres de leur havaienne, ils manifestent leur mépris de la bête peureuse qui cède pas à pas, fuit éperdue, cependant que le mâle reste seul pour faire face au danger, protégeant la fuite de la femelle déjà disparue.

Le mâle à son tour se retire. Les chasseurs poussent un long cri de victoire, luttent encore avec un ennemi imaginaire qui soudain se manifeste. Mais celui-ci à nouveau est contraint de prendre la fuite.

Les flèches frémissent sous l’effort des muscles tendus. Les pieds nus battent en cadence et soulèvent beaucoup de poussière. Dans le cercle des vieux, on approuve et la calebasse passe plus fréquemment de mains en mains.

La frénésie atteint son apogée. Les danseurs se groupent pour se mieux séparer en deux clans rivaux, qui s’affrontent et se défient à grands cris. Ils piétinent un long moment, psalmodiant une litanie de guerre, face à face, hargneux, accélérant sans cesse le mouvement de leurs pieds nus, comme pour prendre leur essor et partir en course.

Les deux clans s’unissant presque forment un cercle