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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/23

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CHAPITRE PREMIER


IL faisait bon, ce soir-là.

La lumière des buildings s’éteignait par étage, marquant la désertion soudaine des bureaux aux grandes baies vitrées et amovibles. Les phonographes des magasins de la « rua d’Ouvidor », qui débitaient à longueur de journée les rythmes en vogue, se taisaient soudain.

Les bruits de la rue étaient ceux du soir. La rumeur des gens qui se hâtaient vers leur domicile ou ailleurs emplissait l’air d’une animation joyeuse. Les tramways hérissés de grappes humaines accrochées en un équilibre invraisemblable sur les marchepieds roulaient à petite allure entre le flot ininterrompu des voitures américaines, tonitruantes de klaxons musicaux et inattendus qui rageaient aux embouteillages, accompagnant d’une atroce cacophonie leur coulée flamboyante du reflet de gigantesques enseignes lumineuses.

Les cinémas et les théâtres de la Cinelandia s’illuminaient de couleurs vives. On entendait parfois la clochette d’une ambulance du « Pronto soccoro » [1]) qui, à toute allure, fonçait dans la cohue.

  1. Secours d’urgence.