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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/25

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bondissaient, tournaient follement, pliant sur leurs genoux jusqu’à toucher la terre, se relevant avec de grands cris de délivrance, tordus et frémissants pendant que les tambours sonores scandaient un rythme monocorde que les assistants reprenaient en chœur d’une voix rauque, et pendant que d’autres, fiévreux, se joignaient par couples aux danseurs qui mimaient des scènes d’amour impudiques et vibrantes.

— Samba… sambahahaha
— Oh Samba !
— Mes maitres blancs, ceci est la samba.
— Un peu de joie,
— Un soupçon de tristesse,
— La samba,
— C’est le chant d’une race
— Pleine de mélancolie
— Qui a la peau couleur de la nuit,
— Mais a l’âme couleur du jour…

Tapis dans les fourrés, harcelés par les moustiques, nous assistions pendant des heures aux danses de la « favelle » [1], cette mecque du vagabondage, rongés par le rythme obsédant et frénétique qui nous faisait entrevoir le Brésil tel que nous l’imaginions, nous donnant aussi l’impression d’être vraiment des hommes dans un siècle humain.

Ce soir-là, il n’y eut pas de fugue vers les collines. La fraicheur régnant sous les arcades était extraordinaire en cette saison. Les fauteuils en osier profonds et confor-

  1. Village des collines.