Aller au contenu

Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ques jours les stocks de vivres de sa ville avec un redoutable appétit qui laissait mal présager des jours à venir, car les Chavantes se considéraient comme invités, et suivant leurs propres coutumes, s’étaient imtallés avec une certaine désinvolture !

Le gouverneur s’alarma. Il n’y avait alors guère de communications entre les villes et souvent les vivres manquaient… Ils manquèrent très vite à Goyaz. Ce fut la disette ; les colons menacèrent de se révolter, si ces sauvages emplumés continuaient à manger le riz de leurs enfants. Quant aux sauvages, lorsqu’ils estimaient leur ration par trop parcimonieuse, ils pillaient les boutiques au grand dam des propriétaires et se gavaient à peu de frais. Tristào da Cunha manda alors un messager prévenir les troupes portugaises de venir expulser en hâte ces redoutables convives… et un beau matin, les troupes du royaume arrivèrent, flammes au vent, pour mettre bon ordre et rassurer les mécontents. Mais les annales de l’époque racontent que, pour procéder au renvoi des invités, la soldatesque s’y prit de telle manière qu’une bonne moitié des Chavantes fut massacrée sur place et les autres boutés hors des murs de la ville à la pointe des piques…

Fort outrés, les Indiens se retirèrent très loin dans l’intérieur des terres (mais pour n’en plus sortir), et l’histoire de cette trahison. transmise et embellie de générations en générations, fit conserver aux Chavantes une haine tenace à l’égard des blancs en même temps qu’établir des frontières à juste titre réputées infranchissables.

En tout cas, partageant avec moi une existence hautement fantaisiste de bohème contemplative, mes amis ne