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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/38

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Malheureusement pour Carlos, si deux années de féroce labeur lui permirent d’envisager l’avenir sous un jour plus aimable, son retour au monde civilisé s’avéra une catastrophe, car, comme dans les histoires héroïques qui enchantèrent notre jeunesse d’entre deux guerres, il trouva sur sa route un vilain avisé qui le délesta sans façon de son pécule.

A la fin de l’année 1945, on vit arriver Carlos à Rio de Janeiro, vêtu de loques immondes, miné par les fièvres et la dysenterie.

— Vous m’en reparlerez de la forêt et de vos aventures, dit-il en manière d’épilogue au récit de ses pérégrinations. Pour moi, c’est fini et bien fini !… Heureux de m’en être tiré avec la vie sauve.

Mais, quelques mois plus tard, il était à nouveau tenaillé par le démon de l’aventure et s’accrochait au projet de Sanders, prévoyant notre fortune à tous et à brève échéance. En deux ans, ses joues reprirent l’enflure qui leur était familière, son teint jaune devint cireux, mais, à son grand désespoir, ses cheveux ne repoussèrent jamais plus.

Quant à son amertume, elle se traduisait assez souvent par les discours de tempérance dont il nous accablait.

Dernier arrivé de la collection, laissé en panne aux Antilles par un journal qui fit faillite à mon arrivée à Port of Spain, je réussis à débarquer à Rio de Janeiro et liai connaissance avec ces jeunes gens en dormant comme eux sur les bancs de la place Tiradente et sur le sable des plages de Copacabana et Ipanema.

Je fis en leur compagnie le bilan de la situation qui