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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/39

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n’avait rien de particulièrement drôle : sans travail, sans argent, ne parlant pas un traitre mot de portugais, sans amis ni relations, avec pour tout bien un appareil photographique accidenté qui consentait à prendre des clichés à condition de serrer avec un mouchoir les charnières de la boîte mal ajustée, pour éviter le voile du négatif.

Muni de maigres références de journaliste, je représentais, je crois, le type parfait du bonhomme qui se cherche et attend l’inspiration sans se fatiguer… quoique fermement convaincu de réaliser un jour mes projets d’exploration. Or, quelques jours après cette soirée mémorable de septembre 1946, l’inspiration vint à moi sous la forme d’un aimable directeur d’agence de presse internationale qui, mis au courant de mes projets, les trouva sensés et me promit son aide si je parvenais à me faire admettre au sein de l’expédition en partance pour le territoire des Chavantes.

Les dieux semblaient me favoriser. Je bénissais l’emballement qui me fit souscrire au pari de Tad et me forçait à prendre aujourd’hui une décision enfin raisonnable. Je dus cependant très vite déchanter, car je me heurtai d’emblée à de sérieuses oppositions de la part des autorités compétentes qui faillirent réduire à néant mes prétentions.

Il est beau d’avoir la foi, plus difficile de la faire admettre aux gens indispensables à l’exécution de vos projets ; je serrais les dents, bien décidé à vaincre l’obstination de messieurs les fonctionnaires et saisir ma chance par le licol.

Commencèrent donc la période d’antichambre, les at-