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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/45

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Par ailleurs, mon livre de comptes ne mentionna jamais le détail des libations copieuses qui célébrèrent mon départ.

L’apéritif d’adieu fut émouvant. On vit Tad m’étreindre — sans doute avec satisfaction, car le chenapan paya sa dette avec une célérité bizarre et les yeux noirs de certaine secrétaire de rédaction y étaient sûrement pour quelque chose (car il est vrai que les absents ont toujours tort).

On vit aussi Carlos, sérieux comme un pape, m’offrir le hamac et la moustiquaire qui abritèrent ses rêves de prospecteur de cristal de roche. Honorables et ultimes vestiges de son aventure.

J’avais oublié ce détail d’équipement. Oubli qui eût pu me coûter très cher et l’attention de Carlos me toucha au plus haut point.

Johnny, doucement ivre, flanqué de Ahmed qui approuvait par d’énergiques dodelinements de la tête, proposait déjà de partir à ma recherche, cependant qu’Alfred, avec un sens remarquable de la publicité, me conseillait de photographier un Chavante domestiqué dégustant une bouteille de bière.

Sanders nota sur un carnet les étapes probables du voyage et me demanda d’étudier avec soin la qualité des terres et l’étendue des pâturages, me chargeant aussi de relever la latitude et la longitude des lieux qui, à mon sens, seraient les plus propices à l’installation de ses fermes modèles.

Au bureau de l’agence, un plaisantin tendit ma place de crêpe noir et je dus supporter patiemment le cortège