attendrissant des recommandations amicales et les habituelles exclamations qui me remémoraient le défilé de condoléance qui couronna l’enterrement de mon grand-père.
— Mourir si jeune … un si brave garçon … pensez, il n’en reviendra pas, on dit que … on dit qu’ils … Et enfin l’inévitable finale « Il est fou à lier ».
Prévenant à l’extrême, le rédacteur en chef s’inquiète de ma biographie, alerte le photographe … je pose pour la postérité, on me demande des signatures. Le moment vint de régler mes dettes.
— Tu comprends, on ne sait jamais, disait-on, mi-sérieux, mi-goguenard.
Les vœux les plus affectueux furent portés à ma santé et les yeux des participants s’humectèrent de cette douce larme bovine qui suinte communicativement lorsqu’on serre sur son cœur l’ami très cher appelé à disparaitre.
Je partis enfin, auréolé d’une légende enviée, drainant avec moi les rêves les plus dorés de ceux qui restaient au petit café, dans les fauteuils en osier profonds et confortables… voyant leurs yeux fixés à la semelle de mes bottes ou sur la boucle de mon ceinturon comme s’ils eussent voulu pouvoir se cacher dans celles-là ou s’accrocher à celui-ci pour m’accompagner.
17 septembre… j’avais dit au portier de l’hôtel de me réveiller à cinq heures, l’avion partant à sept. Il le fit à trois et j’arrivai à l’aéroport à quatre heures sonnantes, dans un hall désert, sous l’œil étonné des balayeurs qui ne pouvaient comprendre semblable précipitation.