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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/49

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rien au-dessous de nous qu’une nappe mouvante et immatérielle de brumes matinales qui s’effilochent et qui découvrent par accroc, après la mer, des terres en friche d’une platitude désespérante. De larges plaques noircies mangent le vert-de-gris d’une maigre végétation. Des colonnes de fumée montent très haut dans le ciel pour s’étaler en nuages aux reflets de pourpre, des langues de feux rongent le bistre des terres, partout des brasiers gigantesques, œuvre de l’homme qui attaque une nature ingrate, l’incendie pour mieux la défricher, pour aller plus vite, et dont les efforts dans ces immensités semblent vains.

Le radio vient à moi. Il regarde un instant par le hublot, embrasse le panorama tout entier et murmure avec ferveur, comme pour justifier à mes yeux d’étranger la désolation des terres que nous survolons…

— Notre œuvre est de longue haleine, mais qu’importe le temps, qu’importe la lutte lorsqu’elle est riche d’avenir. Les pionniers ont foi en l’avenir, ce sont des Brésiliens. Ces plaques noires, un jour, refleuriront sous la poussée de milliers de plantes domestiquées… Notre pays est grand et riche…

Des maisonnettes distantes les unes des autres de plusieurs centaines de kilomètres, ridiculement petites, sur prennent dans la monotonie des terres qui s’étendent jus qu’à l’infini sans aucun relief.

On s’effraie à imaginer l’existence des gens qui les habitent. Quelquefois, on aperçoit un village sans nom sur les cartes toujours imprécises de la région, au centre d’un lacis rougeâtre de chemins muletiers, tout près de larges étendues vert tendre compartimentées par les méandres