Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/100

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Des arbustes, des lianes, des « awaras ».

Toute la nuit, des singes rouges mènent un vacarme infernal. Je connais la musique par cœur, qui s’ouvre avec trois « ha… ba… ba… » puissants et rauques et se termine, après une série de mugissements allant du grave à l’aigu, par trois nouveaux « ha… ba… ba… » espacés.

Alors, c’est un silence lourd. Au travers de la moustiquaire on voit les braises rougeoyantes de notre feu de camp. Boby, couché en rond, et les porteurs dormant sur un boucan.

Samedi 22 Octobre.

On voit à peine le ciel qui s’éclaircit ; le feu ranimé, je tends les mains car il fait froid et la flamme haute et claire me fait souvenir d’autres feux de camp.

Dans la nuit, réveillé en sursaut par les porteurs qui grognaient comme des possédés. Ils ont allumé du feu, se plaignant d’avoir été mordus par des vampires. Du sang coule d’une blessure qu’ils ont aux doigts de pieds… Bah ! ce n’est rien, mais ce pourrait être un prétexte à réclamer une indemnité pour accident de travail !

Avant de partir, j’extirpe quelques « chiques » qui commencent à se développer dans mes doigts de pieds. Un point noir, au centre d’une cible d’un blanc douteux large comme un bouton de chemise, on enfonce une épingle dans le point noir, on donne un mouvement de torsion et, si le mouvement est bien donné, on arrache un petit couvercle formé de milliers de petits points blancs et grumeleux… des œufs de chiques ! qui se développent avec une rapidité effrayante et peuvent pro-