Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/101

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voquer — s’ils ne sont pas retirés à temps — de graves accidents.

Un médecin attaché à St Laurent du Maroni, son séjour terminé, décida de garder une chique qui lui prenait le petit doigt du pied gauche et de l’exhiber en France à ses amis. Il arriva en France, la chique aussi, mais les amis ne purent la voir car elle disparut en même temps que le pied du toubib, amputé afin que la gangrène se développant ne prenne toute la jambe.

Les chiques sont un danger sérieux et il est bon de ne pas négliger de les retirer lorsqu’on examine ses pieds. Un trou assez profond demeure après l’extraction qui, lorsqu’elle est faite à temps, est sans douleur. Ce trou peut impressionner car la chique pourrit parfois la moitié du membre atteint et l’on pourrait y loger à l’aise l’extrémité du petit doigt. Si la chique est bien retirée, on guérit ; sinon, elle continue son œuvre et il faut recommencer et désinfecter à l’alcool.

Il est prudent d’ailleurs d’examiner ses pieds chaque jour. La moindre écorchure suppure et forme ulcère. Des champignons se développent, favorisés par l’humidité constante à laquelle on est exposé. Les jambes se couvrent de rougeurs, de points purulents et, si l’on veut arriver, il ne faut pas négliger ces petits soins, ennuyeux peut-être, en tous cas indispensables. Nous voilà en route. Je cherche en vain des traces du groupe de Hurault. Ils passent comme nous et se faufilent de leur mieux. Ça grimpe… le chemin de Dagobert était un paradis à côté de celui-là. C’est dur avec le sac qui tire sur les épaules, le fusil qui s’accroche et les espadrilles qui dérapent. On suit le flanc de la colline abrupte qui se nomme « Gros Montagne », on descend ; là, un vaste marécage que l’on traverse de son mieux,