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Vingt minutes plus tard, nous sommes sur le Maroni, en vue de Maripasoula, poste administratif.

L’infirmerie formée de deux grands carbets, l’infirmier, un forçat libéré et sympathique. — Le poste de la circonscription, un autre grand carbet, au mât sur un terre plein, nos trois couleurs. — Un gendarme qui attend son congé depuis trois mois, impatient d’être relevé. — Six cases de noirs Boschs… C’est tout le poste administratif de Maripasoula. Le courrier, en temps ordinaire, met cinquante jours pour arriver, d’autres fois trois mois. Pas de radio.

Installé dans ma dépendance de l’infirmerie, je rédige les reportages et mets de l’ordre dans mes bagages.

Jeudi 27 Octobre.

Toute la nuit, dans la pièce à côté, un homme a gémi, s’est plaint, a grogné. C’est un vieux créole qui travaillait pour un grand propriétaire de terrains aurifères de la crique Petit Inini. Devenu subitement paralytique, incapable de travailler, sans un sou, un jour que le chef de poste était en tournée, il a été abandonné sur les marches de l’infirmerie, comme certaines filles mères déposent leur bâtard sur les dernières marches d’une église. Mais, si ces malheureuses ont parfois une excuse — l’affolement —, il n’en est pas de même pour le premier cité.

Le riche propriétaire est un créole, très populaire à St-Laurent, plusieurs fois élu, membre important de la municipalité.

Lorsqu’il a abandonné le vieux mineur, il se dirigeait vers Saint-Laurent où il y a un hôpital… Le voyage est long, le vieillard encombrant…