Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/116

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Et le pauvre vieux de se plaindre de ses misères.

L’infirmier, le gendarme, s’évertuent à satisfaire ses moindres caprices de malade exigeant.

Et voilà la fin d’un mineur…

Impossible de le faire descendre à Saint-Laurent. Les Boschs refusent de s’en charger, leur religion le leur interdisant si personne n’est là pour s’occuper du malade. On en a même vu, paraît-il, qui déchargeaient subrepticement le brancard qui leur était confié avec un agonisant dans un coin de brousse ou dans un village créole. Et là, c’est la mort certaine. À Bostos, sur l’Ouaqui, il y a quelques semaines, le gendarme recueillait un vieux mineur mourant de faim et de soif, abandonné comme un chien dans un carbet alors que le village est habité d’hommes et de femmes créoles.

Le vieillard, n’ayant pas d’or, n’avait plus qu’à crever et pas une seule personne ne s’intéressait aux appels du pauvre homme qui mourut deux jours plus tard, au poste, d’épuisement malgré les soins dévoués mais tardifs qui lui furent prodigués.

C’est alors qu’arrive l’apothéose de l’histoire confirmée par le rapport du gendarme de Maripasoula qui me conta la chose.

Lors de la mort du vieux, il y avait, des mineurs créoles au poste qui venaient se faire soigner…, en un instant, tous disparurent pour ne pas aider à l’enterrement de leur congénère, de leur frère de race.

L’infirmier et le gendarme se transformèrent en menuisier, fabricant un pauvre cercueil, puis en fossoyeurs en enterrant décemment le mineur.

Garçon ! si tu passes au pays de l’or, en Guyane, et si tu n’as pas d’or pour te faire soigner, prépare-toi à