Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/134

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jusqu’aux genoux ou jusqu’au cou, parfois nageant d’une main, tenant la proue de l’autre, tirant, mètre par mètre, me déchirant les pieds aux bois morts qui hérissent le fond, m’égratignant aux arbustes couchés des berges. Le soleil est fort ; je chante des refrains routiers pour me soutenir et je marche, redoutant l’attaque d’une raie au dard venimeux ou d’un aymara aux crocs acérés. Rien de tel ne se passe, heureusement ! De nombreux petits caïmans se jettent à l’eau à mon passage, aucun ne m’attaque.

À midi, à un coude de la rivière, alors que je halais le canot, Boureau apparaît.

— Ça va ?

— Ça va !

— Attention aux raies — Antitétanique — Antivenimeux ?

— O.K.

— Pas de commission ?

— Non !

— Bon courage, au revoir !

— Au revoir !

Un dernier geste de la main, le bruit du moteur décroît en route pour Grigel et moi, je continue vers Vitallo.

Tire, rame, pousse, tire, nage, je suis las. Je songe à ceux qui font de la culture physique en chambre pour aider à la croissance.

Mes mains sont creuses là où frotte la rame.

J’arrête vers une heure pour faire cuire du riz. J’écope, je calfate et je tue un serpent noir de 50 centimètres d’un coup de pagaie alors qu’il traversait un bras d’eau.