Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/133

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des choses qui se battent et se débattent, l’appel rauque de deux aras qui passent. De grosses mouches bourdonnent, tout est noir, tout est vague, je suis harassé, mais le sommeil me fuit.

Pelotonné sous la moustiquaire, les yeux grands ouverts, je prie instinctivement. Peut-être est-ce la fièvre qui me donne cette angoisse ; puis je pense à mes parents, à eux surtout !

Jeudi 17 Novembre.

Je vide la pirogue qui a embarqué toute la nuit et décide de la baptiser « Anouhé », ce qui, en Taki Taki, signifie « Allons, en avant ! ».

J’embarque les bagages lorsqu’un bruit de moteur se rapprochant, me surprend. C’est Boureau qui, ayant réparé, file sur Vitallo. Il s’arrête.

— Bien dormi ?

— Bien dormi, et vous ?

— Oui, merci.

Il propose d’emmener les bagages et les déposer là-bas. Pour le canot, impossible de le remorquer, le moteur étant faible. Je refuse pour les bagages : j’y suis, j’y suis !

— Au revoir, à tout à l’heure !

Ils ont vite fait de disparaître. Je démarre lentement.

Des ampoules gonflent mes paumes et les doigts, là où le bois de la pagaie grossièrement taillée frotte. Le plus souvent, d’ailleurs, je dois hâler le canot car le courant est fort et la rivière encombrée d’une infinité de petits rapides mis à jour par les basses eaux. — Je perds ainsi un temps infini à marcher, de l’eau