Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/143

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Il est vrai que l’inaction de cette journée est cause en partie de ce cafard.

La détente est néfaste pour moi, l’effort devrait être continu, il ne devrait même pas y avoir de nuit. Marcher, marcher sans cesse, s’abrutir de fatigue, devenir un automate, ne plus penser !

Tyrannique, dans ces conditions, mon subconscient m’invite sagement à rebrousser chemin, à vivre en homme et non en sauvage, à profiter de la vie de chaque jour si misérable soit-elle.

Pourtant, en-dessous de ce cafard, je perçois la volonté de réaliser ce raid, une force d’aller de l’avant qui me fait dominer la peur. Réaliser ce raid tel que je l’ai conçu… Pour rien au monde je n’abandonnerai. Je tiendrai, pour sûr, il faut tenir, mais vivement me trouver sur ma piste des Indiens, même ceux que l’on dit sauvages. Qu’importe leur accueil, voir des hommes, sentir la forêt habitée, moins hostile.

Indifférents, les Boschs vaquent autour du feu et j’envie leur sérénité.

Au fond, il aurait été si simple d’aborder directement les Turnuc Humac des sources de l’Itany ou de l’Oyapok ; j’aurais été directement à pied d’œuvre. Pourquoi m’être imposé ce long chemin préparatoire ? Je serai exténué avant même d’affronter l’essentiel du voyage. Il est vrai que, faute de moyens, je n’avais pas le choix.

Que Dieu m’accompagne et me protège ! J’éprouve un besoin immense de sentir sa divine protection sur moi, de me raccrocher à la foi que les années précédentes avaient considérablement diminuée. À chaque obstacle pénible franchi, je remercie Dieu de m’avoir aidé et avant de l’aborder je me signe. Mon cafard vient sur-