Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/150

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Vers le soir, nous étions assis sur un rocher autour du plat de couac lorsqu’au sommet du saut nous voyons apparaître deux loutres superbes qui s’arrêtent net et, durant quelques secondes, se tiennent presque debout à nous regarder, aussi surprises manifestement que nous. Une troisième arrive, emportée par son élan, franchit le saut mais, d’un bond prodigieux qui la projette toute et nous découvre, son corps noir et luisant de petit phoque, le remonte et disparaît en même temps que les deux autres. Scène charmante d’intimité de la forêt qui me réconcilie avec l’aventure des grands bois et, le soir, me fait rêver longtemps aux belles aventures des jours à venir.

Vendredi 25 Novembre.

Journée de repos pour moi ; les Boschs sont à la pêche. Avant de partir, ils ont invoqué les esprits de la rivière. Palmes tressées et petits drapeaux plantés en terre, feu en étoile, incantations. Ils sont assis en cercle et, le plus âgé, tenant entre ses mains un couis rempli d’eau blanchie par de la terre servant à la « guitare > prononce les formules rituelles, demandant à « Marna Gadou » de lui donner aide, protection, pour lui, sa famille, ses amis et de lui donner aussi beaucoup de poisson.

Il parle à voix haute, marquant la fin de chaque demande par un… hum… hum… d’acquiescement bien prononcé et le commencement de la suivante en buvant une gorgée au couis et en rejetant en pluie cette eau devant lui. Les uns après les autres, la femme en dernier, ils ont fait leur prière et enfin, afin de se mettre en forme, les hommes se sont aspergés avec « Lobia »,