Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/151

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macération de feuilles, d’herbes, d’écorces et de lianes diverses de la forêt qui rend fort, supprime les fatigues et les douleurs.

Je demande au jeune Bosch : « Comment fait-on pour préparer « Lobia » ? Il me répond en souriant moitié créole, moitié « Taki Taki » : « Toi savoir écrire, moi, connaître bois et grand papa moë dire pas parler bagage là pour Béké connaître ».

Après « Lobia » on mange couac, lézard, puis on passe les lignes avec une mixture à base d’écorce rapée et de bois brûlé et pilé. Les cordes noircissent et durcissent, devenant invisibles dans l’eau noire des hautes criques.

— Poisson qua voër ligne, qua pas mordre pour couper.

Les lignes n’ont rien de moderne. Une solide perche coupée dans le bois, de 1 m. à 1 m. 50, 2 mètres de corde grosse comme le petit doigt et tressée par eux-mêmes avec le chanvre de l’abattis, un fil de fer, un gros hameçon, un énorme bout de viande, et voilà… 40 à 50 kilogs par jour, bonne mesure, de poisson. — Consommation : 4 à 5 kilogs — Déchet 15 kilogs — Perte au séchage et salage 10 kilogs — Reste une dizaine de kilogs vendus aux mineurs à raison de un gramme d’or le kilog.

La technique de la pêche à l’aîmara exige plus de force que d’adresse. On pêche généralement tout près des berges, là où les racines enchevêtrées et les bois forment un barrage d’eau morte et sale. Le fond est en général vaseux. L’aimara y dort. Pour le réveiller on frappe la surface de l’eau avec force en jetant l’hameçon appâté, puis ensuite trois coups du bois de la ligne. Là, chacun a son secret : 3 coups rapides, 3 coups espacés bien marqués suivis d’un bouillonnement. Bref ! On doit réveil-