Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/165

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La chaleur est humide, malsaine ; on a l’impression de manquer d’air, le soleil, quoique caché, arde. Puis il pleut quelques instants avec violence et c’est à nouveau le temps trouble et incertain dont la grisaille est pleine de vapeur.

Midaï arrête le canot pour cueillir au passage quelques feuilles d’une plante aromatique qui servira à préparer « Loba », le bain de force. Je suis las, un peu fatigué, cafardeux. J’ai hâte d’en finir avec l’Ouaqui. Mes jambes se couvrent de petits boutons et d’ulcères qui s’étendent chaque jour davantage. On vit perpétuellement dans l’eau pour pousser le canot, écoper, on taille les obstacles. — Impossible dans ces conditions, de se soigner.

Le canot est en piteux état, les bordages qui foutaient le camp ont été rafistolés avec de la liane « franche ». Les fissures, agrandies à la suite de chocs répétés, bouchées avec des fibres de feuilles de bananier, et je ne fais qu’écoper à longueur de journées, à gestes devenus mécaniques, toutes les dix minutes environ. J’ai ai marre de ce canot (Les cinq mille francs qui me manquaient pour avoir une pirogue convenable m’ont fait passer une vie de galérien et je vais arriver fourbu pour entreprendre la jonction Ouaqui-Tamouri à travers la forêt vierge). Halte à la nuit tombée. Il pleut — Ça crépite et ça traverse la bâche rafistolée tant bien que mal.

Des fourmis couvrent les lianes et les branches qui envahissent le camp, il en tombe de partout, leur morsure brûle atrocement. Ce n’est pas drôle car elles se fourrent partout. — Quelques douleurs d’estomac — un peu de fièvre.

J’ai trouvé pour le hamac un système d’éclairage épatant. Je mets une bougie dans une calebasse installée entre les genoux. C’est stable et ça me permet d’écrire.