Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/164

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des terres glacées, des steppes, la toundra, le grand Nord, les chasseurs de fourrures… J’ai déjà élaboré un plan de raid.

Mardi 29 Novembre.

Pluie, bois tombés beaucoup plus épais, mais aussi les éclaircies plus nombreuses et l’avance plus rapide. L’après-midi, c’est à nouveau les marécages. On avance sur un lacis de lianes et d’herbes et d’arbustes qu’il faut hacher, en même temps que l’on glisse difficilement, au takari sur un hérissement de branches immergées. On heurte des nids de mouches (guêpes) qui s’acharnent cruellement. On pense ne jamais sortir de cette mélasse de végétation, on se déchire aux épines acérées du Kijun-doumaka dont les feuilles ressemblent assez aux feuilles de mimosa.

D’autres fois, le paysage a des éclaircies superbes et on en profite pour pêcher. Les aïmaras de débattent en vains soubresauts dans le fond des embarcations et on entend l’éclaboussement <le l’eau suivi du bruit sourd du gourdin s’abattant sur le crâne qui annonce chaque prise. Un gymnote de forte taille se prendra à une ligne jetée dans un fouillis de racines. — Fort laid, avec une tête plate ? où l’on ne voit pas les yeux, un long corps souple de reptile souligné d’une crête continue molle et ondulante.

Les Boschs en ont une peur bleue ! Ils le halent avec d’infinies précautions, tranchent la tête d’un coup de sabre, abandonnant le corps aux convulsions molles et ouvrant la tête à la hache pour en retirer, avec encore plus d’attention, l’hameçon fiché au fond de la gueule.

— Ça fait « schtt, schtt »… et ils imitent le frisson convulsif causé par une décharge électrique.