Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/167

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enrayé. Je suis furieux : il y avait là des scènes que je n’aurai plus l’occasion de saisir ainsi que des vues de Gros Saut. J’ai une frousse atroce de perdre l’appareil en le brisant ou le noyant. Je le dorlotte comme une porcelaine précieuse mais tout de même il en voit de dures. La prochaine fois j’en amènerai deux, ça sera plus sûr.

À la nuit, sur l’autre rive, une troupe de cochons sauvages se met à glapir. On franchit rapidement la crique, glissant dans le sous-bois comme des Sioux, sans souci des épineux pourtant fort abondants. La troupe passe à vingt mètres de nous, brisant tout sur son passage. On tire : en voici un qui chancelle, tombe, se relève et fonce dans un fouillis de broussailles. On cherche en vain à la lueur des torches. Les traces mènent fort loin. On reviendra demain. Les Boschs ont de vieilles pétoires rafistolées avec du fil de fer, datant de je ne sais quand. Le canon est crevé, la crosse est fendue. Un chien sur deux ne marche pas mais tout de même ils chassent et c’est miracle de les voir tuer. Chaque détonation me fait sursauter, craignant de voir exploser l’engin. La nuit est passable. — Un peu cafardeux mais la lassitude se fait sentir après l’inaction d’aujourd’hui.

Jeudi 1er décembre.

On cherche le cochon tiré hier soir mais sans succès. Les animaux ont la vie dure et il a dû crever au diable. Dépités, nous embarquons ; la rivière ne change pas d’allure sinon que les eaux ont monté légèrement. Le temps est orageux avec des éclaircies brûlantes.

Mes jambes me font souffrir là où les branches immergées les flagellent. Impossible de se soigner, étant constamment dans l’eau. Les coupes Hurault sont davantage à