Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/168

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notre portée et favorisent notre avance. — Vent, soleil à plein. Les branches frottant, certains arbres produisent le grincement des portes qui s’ouvrent et se ferment sur des gonds mal huilés. Nous dépassons un nouveau camp Hurault. La chaleur est atroce. Chaque branche qui nous gifle au passage est chargée de grosses fourmis et chaque fois de se gratter et de gémir. Face à une île, nous découvrons encore un camp Hurault. — Tout près et sur la même rive qu’un vieux village…

La rivière ressemble parfois à un tunnel. Les lianes blanches et fines remontent dans la pénombre comme les fils d’une harpe géante ; les marécages s’étendent ensuite à l’infini ou alors, c’est le grand bois avec de superbes éclaircies.

Le canot glisse sur les troncs, restant en équilibre instable. — Tire, pousse, hache, sabre, on avance lentement, mais on avance.

En quelques heures les eaux ont à nouveau baissé et les coupes Hurault, au-dessus de nos têtes, ne nous servent plus à rien. Encore des marécages, ou plutôt ce que les Boschs appellent des marécages. La rivière est littéralement étranglée par une végétation rampante et désordonnée soutenue par des arbustes aux branches à l’horizontale. — La rivière, avec les lianes dégringolant ou se glissant partout. Quelques grands arbres de ci de là dressent quelquefois leur squelette chargé de nids et de plantes grimpantes. On ne voit ni oiseau, ni gibier, sinon quelquefois un iguane et un vol de perroquets ou d’aras au plumage éclatant volant très haut par dessus nos têtes. Le grand silence s’accompagne du grondement sourd des mouches qui volettent par milliards en nuages compacts. Quelquefois on se sent écrasé par ce silence.