Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/183

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L’excitation passée, la faiblesse due à la dysenterie se fait rudement sentir et, arrivé au lieu où j’ai déposé le sac à dos, n’en pouvant plus, j’arrête et monte le camp n° 2, « Camp du Marigot ».

C’est une sorte de crique vaseuse et sale avec des « pinots » et des épineux. Le canard plumé est mis à bouillir sur un feu rapidement allumé. Pour la première journée, je suis exténué et mes jambes, qui allaient à la guérison, buttant et rebuttant sur les souches, les lianes et les racines, se sont ouvertes à nouveau et enflammées.

Je fais bouillir l’eau du marigot pour la boire car mes comprimés de Tochlorine sont rongés par l’humidité.

Pour mesurer les distances je procède de la manière suivante : tous les cent mètres, c’est-à-dire tous les cent quarante pas je prends une feuille et la mets dans ma poche. Lorsque j’arrête, je compte les feuilles et j’ai ainsi la distance parcourue approximative.

Aujourd’hui environ 2 kilomètres, soit un de moins que la moyenne escomptée. Marchant à ce train, j’en ai pour vingt jours avant d’arriver au Tamouri.

Fatigué, mais bon moral. Boby aussi qui allège ma solitude et me fait souvenir de nombreux épisodes de nos voyages.

Le sol, en forêt, est mamelonné, plein de trous profonds garnis d’humus ou recouvert d’un mince lacis de lianes qui font trébucher et s’étaler, écrasé par le sac.

À part quelques chants d’oiseaux, le grand bois est étrangement silencieux. Sur les bords des criques, le soir, ce sont les perruches les dernières à dormir. Elles jacassent jusqu’à la nuit, se disputent sans arrêt. Le matin, ce sont les paranas dont le cri rauque éveille le campeur ; ils se répondent d’un bord à l’autre de la rivière sans que jamais on puisse les voir. Ensuite, ce