Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/184

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sont les perroquets qui passent en vol serré, puis les perruches plus tardives et alors, le « zozo mon père » avec sa chanson de lame cristalline allant et venant sur une pièce de bois dur. Le macaque appelant sa femelle, l’appel rauque d’un couata, un « agami » mal réveillé et puis tout un concert d’oiseaux, d’insectes…

Ce soir, il pleut fort : je n’ai que le temps de couvrir mes sacs. Quelle violence… Le hamac, pour ne pas changer, fait eau de tous les bords. Signes avant coureurs de la saison des pluies, ces orages nocturnes risquent de me retarder car les terrains devenus marécageux et glissants seront plus pénibles à franchir. Sur la rivière, l’orage passé, on est tranquille. En forêt, c’est continu, incessant, car, les feuilles se recouvrant, n’en finissent jamais de s’égoutter.

En ce premier jour de raid, je me demande bien à quoi servent les cuillères et les fourchettes : une casserole pour faire bouillir, les doigts et les dents pour décortiquer, c’est bien plus simple. Après ça, un chien lui même ne trouverait pas grand’chose à rogner sur la carcasse. Quant aux matières grasses, le bouillon du canard est huileux à souhait. Un peu de sel, un petit goût de fumée, ça fait un potage délicieux.

J’ai abattu, pour me servir de hors-d’œuvre, un palmier pinot. J’ai retiré le cœur et l’ai mangé au sel. C’est fade, peu appétissant mais enfin, dans l’ensemble, on tient le coup et on se passe de pain et de couac.

Les moustiques sont nombreux au camp du Marigot. L’insomnie me tient éveillé toute la nuit.

Le souvenir des empreintes de pieds nus relevées par les Boschs sur le sable d’une plage me hante et me laisse rêveur. Si c’étaient des empreintes d’indiens, j’en serais heureux et pourrais dormir tranquille : ils ne m’at