Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/213

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disais que désormais, tous les dimanches, nous irions à la pêche avec maman et nous mangerions sur les rochers. Il a hoché tristement la tête et puis je ne l’ai plus vu.

Réveil cafardeux. Au loin, vers le soleil levant, la rumeur confuse des oiseaux me fait supposer la proche présence d’une grande crique. La forêt ruisselante me semble hostile. Décidément, j’ai le cafard… Les indigestions de couata ne me réussissent guère.

Vendredi 23 Décembre.

J’ai laissé la musette à munitions au dernier camp, je vais de l’avant car aujourd’hui je veux atteindre le prochain camp et ne revenir qu’ensuite la prendre. Mes forces reviennent et puis la forêt a l’air de se peupler. Je déjeunais (pour une fois !) lorsqu’à dix mètres du camp, de l’autre côté du criquot, je vois apparaître un couple de hocco. Superbe promesse ! Ils ne m’ont pas vu. Je rampe jusqu’au hamac, saisis la carabine et tire le mâle qui reste sur le carreau. Il est gras à souhait. C’est trop pour un seul jour, mais avec notre appétit ! C’est ainsi qu’est la forêt : tantôt prodigue, tantôt avare. Je pars, chargé du sac à dos, du hocco, du singe boucané. Je trotte ! Presque comme un lapin et, vers midi, je joins le nouveau camp, comme d’habitude installé sur les bords d’un criquot et composé de deux carbets démantibulés.

J’allume le boucan. Après l’avoir installé, quoique j’en aie guère envie, je plume, vide et dépèce le hocco. Malgré tout, la fatigue des jours précédents marque. J’essaie à nouveau de faire quelques photos ; la rage au cœur, je dois abandonner, le film se bloquant à cha-