Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/222

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Un oiseau mouche est venu tout près, posé sur une branchette, tirant sa langue longue et fine, happant une fleur en quelques secondes et, à chaque aspiration, son gosier merveilleux, teinté de vert et de violet, frissonnait avec de brefs reflets cependant que sa queue frétillait d’aise.

Deux papillons plus grands que mes deux mains et bleus comme un ciel de nuit d’été ont voleté un instant.

Un couple d’aras tout proche s’égosille.

J’ai entendu le miaulement d’un jaguar.

J’écris sans trop en avoir envie mais surtout pour ne pas songer que c’est Noël, aujourd’hui. J’écoute les gouttes s’écraser sur le toit du carbet et les chauves-souris affolé-es par la bougie tournoient et butent les palmes pendantes.

Dimanche 25 Décembre.

Réveil pénible — paresse de se lever — mal aux chevilles — Je déjeune de la dernière patte du couata, l’autre et la tête ayant été dévorées cette nuit avec Boby. Si je ne tue rien aujourd’hui, nous ne mangerons rien ce soir. Le sous-bois, d’abord assez clair, devient vite brouillé, marécageux au creux de chaque colline. Dans l’après-midi, ayant forcé la marche, j’arrive à un nouveau camp Cottin. Je pensais bien arriver aujourd’hui au Tamouri. Las ! il faut déchanter. Rien à manger ; j’allais tirer un couple de « maraille », Boby se précipitant les fait fuir, Je suis furieux. Une hâte furieuse d’arriver au Tamouri me presse maintenant. Il pleut encore ce soir et la faim me tient éveillé, me faisant songer aux festins passés, à ceux à venir… un jour. On a beau essayer de ne pas penser, quand ça commence, ça n’en finit plus et de se promettre au retour